Enfin...

Ouahigouya, 5 juillet 2006

Il y a 172 jours, on a réussi à échapper du guêpier des Caraïbes, sans trop de piqûres, heureusement. Faute de masque d’apiculteur, on n’a pas voulu rentrer à l'incroyable pays d’Haïti. Tout d’abord, un grand merci pour tout le soutien, tous vos messages nous ont vraiment réconfortés, malgré l’absence de nos réponses. Cette lettre sert à rattraper et compenser ce vide de 172 jours et à vous tenir au courant de nouvelles escapades.

Les mésaventures haïtiennes nous ont privé de notre courage et de notre flibusterie sans soucis (c’est ça la rançon qu’on a due payer), mais nous avons pu sauver l’idéalisme et l’envie de travailler avec toute notre énergie pour améliorer la vie sur notre chère planète. Ce petit paquet d’espoir, bien caché dans nos bagages il y a 172 jours au retour précoce et inattendu à la patrie, se mettait rapidement à briller. Le paquet se chauffait, gonflait, rompait, et nous submergeait d’une irrésistible propension de continuer sur la voie choisie, en profitant de notre première jeunesse qui ne sera pas éternelle.

Avoir instinctivement suivi nos impulsions, on se retrouve, depuis plus de 50 jours déjà, dans un pays où les hommes se disent intègres. A part leur intégrité, il n’y a pas grand-chose ici.

Pas de mer, pas de plages, pas de cocotiers, rien.
Pas de montagnes, pas de vues spectaculaires, pas de forêts tropicales, rien.
Pas d’industrie, pas d’entreprises, pas d’esprits innovateurs, rien.
Pas de démocratie, pas de transparence, pas de responsabilité, rien.
Mais, c’est vrai, pas toutes les absences ne sont négatives :
Pas de guerre, pas de meurtres, pas de kidnappings, rien.
La stabilité et l’inertie semblent liées…

Et après tout, il y a du soleil.

Bon, en tout cas, bienvenus à Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, Afrique de l’Ouest !

Imaginez-vous, un paysage rouge, une plaine sableuse, quelques arbustes épineux, un grand baobab, et puis rien.

Ou bien, oui, là-bas, un puits, et quelques habitations traditionnelles des Mossi, une petite ville vivante même.

Mais, très peu d’eau. Trop peu d’eau. Et, là où il y a de l’eau, il y a des génies. Jusqu’ici, je pensais qu’au niveau des barrages et des mares, il fallait faire attention aux caïmans, ou bien aux hippopotames, mais apparemment ce sont les génies qui font noyer les gens.

Pas qu’on avais l’idée d’aller nager dans les eaux ici. Elles sont sales, et pleines de parasites qui pénètrent dans ton corps et te donnent de maladies bizarres. Ou, si tu n’as pas de chance, quelqu’un a mis la queue du buffle dedans, et empoisonné toute la réserve d’eau du village.

Je comprends bien que, par manque d’eau, ou bien par un excès de soleil, ou par des températures trop élevées, ou encore par la prophylaxie anti-palu, on commence à halluciner, voir des êtres qui ne sont pas réels, s’imaginer un autre monde. Ainsi, vivre au Burkina, c’est comme prendre de la drogue. Mais des monstres dans l’eau. Attend, non. Je ne peux pas.

Mais si, quelqu’un en Côte d’Ivoire a pu photographier un tel monstre, un génie de l’eau. J’ai vu la photo.

Et les piscines, contiennent-elles des génies ? Ça dépend. Il faut bien les nettoyer, mettre de la javel.

En travaillant sur la gestion d’eau, si un jour on sera expert, est-ce qu’on peut se dire génie de l’eau ? Sans noyer ?

Envie de découvrir les mystères sahéliennes ? Besoin d’échapper de la trépidation de la vie quotidienne, de faire ralentir le temps, de vivre un peu de tranquillité ? Ou bien, la chaleur de l’été ne vous suffit pas ? Venez donc !

Pour en savoir plus, on a – malgré la lenteur des connections cybernétiques – monté un petit site web : www.burkinabe.be/fr

Malheureusement, on a négligé un peu la langue française. Pour ceux qui comprennent le néerlandais, ça vaut la peine d’explorer la partie néerlandophone. Les autres devront se contenter des images…

Ça nous fait plaisir de vous écrire, et ce serait encore plus amusant de vous lire :)

A bientôt

wim et heleen



PS Comme hotmail refuse obstinément de s’ouvrir ici, envoyez vos mails pour heleen à heleen.neirynck(at)gmail.com