Chaque chose a son temps

Ouahigouya, 10 mars 2008

Quand il pleut abondamment au Burkina Faso, il fera très froid en décembre et janvier et extrêmement chaud en mars et avril. L'année dernière, plus de 1 000 millimètres de pluie sont tombés pendant l'hivernage. Notre pays sahélien très sec a dû faire face à des inondations. Et tout à fait, l' " hiver " était exceptionnellement froid. Wim achetait un patchwork en coton au marché et Heleen mettait sa couverture isolante en papier d'argent dans son enveloppe de couette. La nuit, les températures descendaient jusqu'aux alentours de 10 degrés et pendant la journée le soleil pâle n'arrivait pas à chauffer l'air sec et froid.

Malheureusement, nous n'avons pas pu profiter longtemps de la fraîcheur. Le calendrier n'avait pas encore perdu toutes ses feuilles de février, lorsque le soleil commençait à briller et taper fort. Le mois de mars nous apporte des températures torrides qui dépassent les 40 degrés. A contrecoeur, nous rangeons les couvertures, comme les pyjamas et les pull-overs. Haletant de chaleur et complètement en sueur nous pédalons à travers la ville brûlante de Ouahigouya : nous souffrons. Les Burkinabés restaient positifs : quand la chaleur vient tôt, les premières pluies ne se seront pas lentes à venir.

Nous sommes moins patients. Le pavé nous brûle les pieds, et nous désirons les papillons du printemps. Après deux ans au nord du pays des hommes intègres nous devions trancher le nœud gordien : rester ou partir ? Et si on part, ce sera vers où ?

Après avoir pesé le pour et le contre, avec du regret dans le cœur et une boule dans la gorge, nous avons raconté à Bibir et à l'Ocades que la poire est mûre. Notre décision d'aller ailleurs n'est caprice ni fadaise. C'est le sort de tout coopérant au développement : une fois le train roule, il est mieux de sauter pour descendre. Partir n'est jamais facile, mais nous remplissons nos valises de souvenirs de villages poussiéreux, de grands baobabs, de yaourt frais, de jardins verts et de films de friction. Bibir, Ocades et Broederlijk Delen continueront à exister et travailleront sans nous.

Nous échangeons la galette burkinabaise pour un autre pays d'un passé révolutionnaire. Un avec deux longues côtes océaniques et un intérieur montagneux. Le président sandiniste Daniel Ortega n'a pas été assassiné à la Sankara, mais il a été réélu et il est revenu au pouvoir.

A partir du mois d'avril Heleen travaillera pour l'UNAG, l'union nationale d'agriculteurs et d'éleveurs du pays centraméricain de Nicaragua. Pour en savoir plus, il faudra attendre un mail suivant… Heleen est en Belgique pour quelques semaines depuis le 9 mars. Elle est joignable sur son cellulaire (+ 32 486 78 59 25).

Les bras baissés, Wim restera encore au Burkina pendant quelques mois afin de vérifier si les pluies arrivent à temps. Vers mi-mai son contrat terminera et il rentrera en Belgique. En juin il suivra Heleen au Nicaragua. Il y travaillera comme journaliste indépendant.

Le site web www.burkinabe.be/fr existe toujours et aura un petit frère ou une petite sœur nicaraguayen dans peu de temps.

A bientôt,

heleen et wim